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Tuesday, 7 July 2020

Fw: *DHR* Re: Deuxième Lettre ouverte à Madame Jeannette Kagame (envoyée mardi 07/07/2020

Lettre ouverte à Son Excellence Madame Jeannette KAGAME (envoyée mardi 07 juillet 2020):

 

         En tant que coordinateur du CLIIR, je suis dans l'obligation de vous envoyer ma seconde lettre sur la souffrance du peuple rwandais.

Un jour votre mari a fait un discours de mépris contre une de ses victimes, le défunt président Habyarimana. Il s'est exprimé en ces mots en kinyarwanda : « Bati dufite urutonde rw'abanyarwanda tugomba gucira urubanza bahanuye indege. Mu ndege harimo iki ? Muri iyo ndege harimo iki, kigomba kwica abanyarwanda miliyoni ? » Son discours, qui traduit également son mépris vis-à-vis de toutes les victimes du génocide rwandais, se résume en français comme suit : « ils nous ont dit qu'ils avaient une liste de rwandais à traduire en justice pour avoir abattu l'avion. Dans l'avion, il y avait quoi? Dans cet avion qu'est-ce qu'il y avait qui pouvait justifier le massacre d'un million de rwandais ? » Je vous demande d'aider votre mari à prendre conscience que c'est l'attentat terroriste du 06 avril 1994 et l'infiltration des commandos du FPR dans les milices Interahamwe et CDR qui ont déclenché le génocide de 1994. Ces commandos du FPR qui ont participé aux massacres avaient été formés par les meilleurs instructeurs militaires et cadres politiques du FPR-Inkotanyi. Ces infiltrés du FPR ont supervisé des massacres sur plusieurs barrières partout dans le pays. Le Sénateur Tito Rutaremara l'a confirmé à Kigali le 13/04/2020 et s'en vanté à la Rwanda TV. Le chiffre de plus de 3.500 cellules clandestines du FPR dispersées sur tout le territoire rwandais, a été cité le 02 mai 1997 par M. Tito RUTAREMARA, qui venait de reconnaître pour la première l'existence de ces infiltrés du FPR dans tous les milieux lors d'une conférence-débat organisée par le Parti du Travail Belge (PTB) à Bruxelles.

 Pour cacher la vérité sur cette participation des infiltrés du FPR au génocide, votre mari Kagame a mis en place un régime totalitaire de terreur qui contrôle et paralyse toutes les institutions officielles du Rwanda. Les spécialistes décrivent tout régime totalitaire comme suit :

 

« Les régimes totalitaires méprisent la raison et n'accordent aucune valeur à la vie humaine. Ils ne font aucun effort pour évaluer les conséquences de leur idéologie et de leurs activités. Ils méprisent également la liberté intellectuelle, l'essor des connaissances et le respect de la justice. Le mépris des dirigeants pour les individus au service d'un idéal aveugle conduit également à n'accorder aucune valeur à l'autre, et par extension à la vie humaine.

Ceux qui sont au service des dictateurs et en exécutent les ordres sont souvent frappés du même aveuglement et du même mépris de la vie humaine. Comme l'explique Todorov, tous les régimes extrémistes se servent du principe : « Qui n'est pas pour moi est contre moi », mais seuls les régimes totalitaires ajoutent : « Et qui est contre moi doit périr ». Ce qui caractérise plus spécifiquement le totalitarisme est que cet ennemi se trouve à l'intérieur même du pays, et que l'on étend le principe de guerre aux relations entre groupes de compatriotes.

Les systèmes totalitaires renoncent à l'universalité et divisent l'humanité en êtres supérieurs (leurs partisans) et en êtres inférieurs (leurs opposants qui doivent être punis, voire éliminés). C'est le régime qui détient la mesure du bien et du mal et décide de la direction dans laquelle la société doit évoluer.

L'Etat doit contrôler l'intégralité de la vie sociale d'un individu : son travail, son lieu d'habitation, ses biens, l'éducation de ses enfants, et même sa vie familiale et amoureuse. Cette totale mainmise lui permet d'obtenir la soumission de ses sujets : il n'y a plus de lieu où ils pourraient s'abriter et lui échapper ».

 C'est ce mépris de la raison, ci haut décrit, qui caractérise la plupart des discours de votre mari, le président Paul Kagame. Et c'est pour cette raison que personne dans l'assistance n'a répondu à sa question stupide de savoir « ce qu'il y avait dans l'avion ». Pourquoi n'ont-ils pas répondu ?

Tout d'abord, parce que Kagame savait très bien que dans l'avion présidentiel abattu, il y avait deux présidents de la République qui étaient tous deux Hutus. Il y avait aussi un bon nombre de leurs collaborateurs qui ont péri dans ce cet assassinat destiné à créer le chaos par l'écroulement de l'ordre public. Ensuite, c'est parce que les opprimés préfèrent garder le silence. Mais tout silence parle. Surtout le silence de l'offensé. Car ce silence a cette capacité insondable de pulvériser, ne serait-ce qu'un instant, la violence de l'offenseur. Devant l'injure, la calomnie, la médisance, le silence a valeur d'éternité.

Ce jour là, le silence des opprimés du Rwanda n'a pas attiré l'attention de votre  mari très arrogant. Ils ne pouvaient pas oser blesser son orgueil et son prestige d'avoir déclenché la descente aux enfers du peuple rwandais. Ce silence peut traduire soit le respect soit la crainte de l'agressé vis-à-vis de l'agresseur. Parce que ce dernier sait absolument qu'il écrase, piétine, flagelle… L'offensé, malgré l'affront qui lui est fait, en se taisant révèle, à celui qui le blesse sa propre blessure et peut le soigner mystérieusement.

Le silence de l'opprimé, alors, a cette vertu étrange de révéler la compassion insondable qu'on porte à un être profondément blessé. Car votre mari est un grand blessé de l'exil forcé qu'il a vécu. Mais aujourd'hui vous devez l'aider à dialoguer où alors à se suicider par le feu ou par un nouvel exil. A méditer !

 

L'histoire tragique de votre mari explique en partie ses profondes blessures. Comme il refuse tous les soins et les conseils dont il a besoin pour cesser d'humilier et de faire souffrir des millions de citoyens rwandais, je compte sur Vous, en tant que son épouse qui connaît le Rwanda d'avant 1990  pour l'aider à dialoguer d'urgence avec ses opposants avant qu'il ne soit trop tard.

(A LIRE TOUT le CONTENU de la LETTRE en fichier PDF attaché





Centre de Lutte contre l'Impunité et l'Injustice au Rwanda (CLIIR) Rue de la Colonne, n°54/4 1080 BRUXELLES Tél/Fax : +32.81.601.113 GSM : +32.487.616.651 (Base) & +32.476.701.569 (Proximus)
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